Qu’est-ce que le sauvage sinon le vivant ? Et que devient-il, ce « vivant », avec l’urbanisation de la planète, la biodiversité qui s’efface, les tigres et les éléphants qui disparaissent?… Docteur agrégé et enseignant-chercheur en philosophie à l’Université d’Aix-Marseille, Baptiste Morizot est un philosophe hors du commun qui nourrit sa pensée comme ses écrits d’expériences empiriques magnifiques avec les animaux sauvages. Il est parti sur la piste des ours dans le parc de Yellowstone, des panthères des neiges au Kirghizistan, dans le cœur de l’Asie Centrale, et maintenant du loup en pleine Lozère… En compagnie d’un trappeur, le chercheur est allé à la rencontre de cet animal rejeté par les éleveurs et vénéré par les écologistes, non pas pour choisir son camp (nous on a bêtement choisi le nôtre depuis longtemps !!) mais pour mieux réfléchir sur la place de l’homme dans la nature. C’est de « l’écologie politique » pure et dure. Il en est sorti un nouvel ouvrage : Les Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant aux éditions Wildproject en 2016 qui a obtenu le Prix de la Fondation de l’écologie politique en 2016 et le Prix littéraire François-Sommer en 2017. Il s’agit d’un essai de « philosophie animale » : même si on est pas sûr de tout comprendre… on adore ☺ Le livre traverse tous les grands sujets de la pensée écologiste, de l’éthologie, des humanités environnementales jusqu’à l’éthique et Les Diplomates propose finalement un autre projet politique envers le vivant : un monde où nous pourrions vivre en bonne intelligence avec ce qui en nous et hors de nous ne veut pas être domestiqué… notre loup intérieur en quelque sorte… « Notre sens de la propriété et des frontières relève d’un sens du territoire que nous avons en commun avec d’autres animaux. Et notre savoir-faire diplomatique s’enracine dans une compétence animale inscrite au plus profond de notre histoire évolutive » explique l’auteur. Penser comme un animal et repenser notre monde par rapport aux animaux que nous avons été (et que nous sommes encore un peu), voilà une belle et grande idée. Et une nouvelle lecture de la nature. Passionnant.
Baptiste Morizot, philosophe du sauvage
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